Jean-Paul stéphan                                                                             10 juillet 2008

Les "Orres hauts"…Lâchez les chevaux!

…Mais pas trop quand même. Voyez ce qui est arrivé au pauvre Fabien Canal le dernier week-end de juin à Champéry en Suisse. Non sans humour, Fabien nous narre sa mésaventure dans un mail reçu le 02 juillet:

"Salut,

Grosse chute sur une bosse en course juste après une montée.

Manque de lucidité + vitesse trop rapide = un Canal asséché, terrassé...

Je suis parti sur l'avant et du coup les poignets et tous le coté gauche a reçu à la réception (le vélo aussi)…Merde alors!

Du coup les Suisses voulaient m'envoyer à l'hosto, ce que j'ai refusé (imagine déjà que les hôpitaux sont lents en France alors en Suisse…)

Bref j'ai pris ma voiture et je suis rentré de Champéry en conduisant avec un demi bras.

Arrêt de travail et tout le fourbi.

Mais si j'ai moins mal je viens quand même aux Orres.

Voilà tu sais tout.

Peut-être à samedi Jean-POULE

Fab."

Merci ma poule (signé Jean-Poule…)!

Tout petit tout compris?

            Le jeudi 3 juillet 2008, je fais 10km avec Jules qui étrenne son nouveau vtt : Lapierre Kid Lite 20 pouces! Il profite de la balade pour passer en revue tous les champs de maïs et se demander s'ils vont se relever de l'orage de la veille…Soudain, en passant devant des vaches, il a cette réflexion qui me scotche : "Nous on a plus de chances de vivre longtemps que les vaches car les vaches souvent on les tue pour les manger. Et puis s'il y a une guerre on peut courir vite et aller dans un pays où il n'y a pas de guerre. Mais pour l'instant on est dans le bon pays car chez nous il n'y a pas la guerre". Tout cela d'une traite…ça cogite à six ans! Rentré chez nous, il pose des piquets pour relever nos maïs du jardin. Il a déjà de la culture et des cultures…

S'accrocher…

            La sélection olympique est tombée. Comme tous les quatre ans certains rient, d'autres pleurent. C'est la loi du sport de haut niveau, fait de joies immenses et de déceptions intenses.

Chez les hommes, le suspens était quasiment inexistant, les trois mousquetaires Absalon – Péraud – Ravanel (pour le coup les trois mousquetaires sont…trois) avaient suffisamment imprimé leur empreinte aux niveaux national et international. Grâce à Cédric, Lapierre va aux JO! Pour lui c'est une superbe réussite après avoir manqué de peu la sélection en 2004.

Chez les dames, l'époque fut un peu épique et piquante. Laurence Leboucher est élue. Donc sa bouche rie (ah, ah). Laurence l'a joué fine, un peu à la Longo, haussant son niveau en mai – juin 2008 sans s'épuiser auparavant dans la course aux points UCI pour les quotas. Or à l'arrivée une seule française va à Pékin, d'où une grosse déception pour Cécile Ravanel qui, comme Sabrina énaux, a joué le jeu des quotas mais au final ne va pas à Pékin.

La frustration de Cécile se comprend, mais le fait qu'il y ait une période pour briguer les quotas et une période pour briguer la sélection se comprend aussi.

Dans ces difficiles moments, il faut compter un peu sur l'entourage…et beaucoup sur soi-même et ses forces mentales pour refaire surface. Cécile a donné un début de répons positif aux Orres où, bien que meurtrie dans sa chair et ayant provisoirement perdu le goût de l'entraînement, elle va chercher, au courage, la 5^ème place aux Orres, qui signifie "Je continue de me battre, je suis toujours là".

Sabrina énaux gagne en altitude!

            Il y a trois ans, Sabrina énaux n'aurait sûrement pas donné cher de ses chances pour une victoire au scratch chez les dames en altitude. Mais elle maîtrise de mieux en mieux ce paramètre…Et ce samedi 05 juillet 2008, elle signe sa première victoire "en haut" en coupe de France!

Sabrina a manqué elle aussi la sélection olympique, mais cela ne semble pas l'avoir affectée ; elle continue de pédaler dans la joie et ça fait plaisir.

Elle a dominé cette manche de bout en bout, seule Hélène Marcouyre, très fringante cette année, s'est fortement rapprochée à mi-course, avant de perdre à nouveau du terrain. Au final, Sabrina l'emporte devant Hélène Marcouyre, Séverine Hansen, Laura Metzler (vainqueur espoirs dames) et Cécile.

Masters.

            Avant les filles qui couraient sur quatre tours, il y avait les masters qui couraient sur cinq. On est galants, on fait la trace pour mesdames! Conscient de mon état de relative fatigue actuelle, je décide de ne pas faire d'étincelles au départ et de ne pas suivre si quelqu'un accélère fort.

Je fais une course "sage", tout en gestion, qui m permet d'aller chercher la 6^ème place au scratch masters et une large victoire en masters 2. Devant, Nicolas Durin remporte sa seconde manche scratch après Saint-Raphaël au terme d'une lutte intense avec Chartier.

Le dimanche matin, on retourne rouler en montagne avec Nicolas Durin et un ami à lui, on monte jusque vers 2400m depuis les Orres village, tranquillement, en se prenant quand même une sacrée douche mêlée de grêle dans le premier quart d'heure où un violent orage s'abat. Le parcours des élites sera glissant…à 2400 on fait quelques photos dans la neige avant de redescendre dans une montagne qui a rarement été aussi verdoyante que cette année, grâce au printemps humide.

Élites.

            Chez les élites, peut-être que certains attendaient Julien Absalon au tournant suite à sa contre-performance des championnats du monde. Ils en ont été pour leurs frais. Personne n'a pu suivre Julien, qui a visiblement bien récupéré, physiquement et moralement, des mondiaux.

Stéphane Tempier, très fort en altitude et gapençais donc "local de l'étape", fait une partie du premier tour en tête avant que Julien ne prenne les commandes. Cédric Ravanel accompagne Julien dans la poursuite au début, puis se stabilise à la troisième place derrière Julien et Stéphane.

La course se déroule sur un terrain asséché au début, puis l'orage remet ça et la deuxième moitié des six tours devient un "chantier". Il en faut plus pour perturber Absalon qui tourne comme un métronome, le moteur bien refroidi par la pluie.

Entre Stéphane Tempier et Cédric Ravanel, la lutte est serrée. Pendant trois tours Céd précède de peu Stéphane, qui prend ensuite un léger avantage. Je vois cela de divers endroits du circuit où je me poste pour prendre des photos.

Dans le 5^ème tour, Céd me dit qu'il est dans le dur…Mais il ne perd presque rien sur Stéphane. Suspens…Puis dans le 6^ème tour il concède soudain une minute de retard et j'observe qu'il a un pneu arrière propre. Il a changé de roue suite à des pertes d'air. Il sauve néanmoins largement sa troisième place alors qu'il ne s'est pas senti bien suite à une grosse semaine d'entraînement. Rebond à Serre-Chevalier dans deux semaines?

Pierre-Geoffroy Plantet fait une course régulière, pendant la plus grade partie de l'épreuve il est en deçà de la dixième place mais sur la fin il remonte quelque concurrents pour entrer dans le top dix. Pierre-Geo m'impressionne par es braquets qu'il emmène, mais il semble que ce soit une manière de rouler qui lui convienne.

Vivien Legastelois souffre mais va au bout. Par ailleurs il n'est pas épargné par les ennuis. À la fin du quatrième tour il passe avec la roue arrière crevée, il change de roue et repart. Il termine moins bien placé qu'il ne l'espérait. Je pense qu'il est plus performant "en bas" qu'en altitude, où les grands gabarits comme le sien sont plutôt désavantagés. Après la course il paraît très fatigué. C'est dur le vélo!

Fabien Canal, suite à sa chute de Champéry, aborde la manche des Orres avec de gros handicaps : il n'a pas pu rouler de la semaine, il a encore de grosses cicatrices aux épaules et Cécile lui confectionne des strappings aux poignets avant le départ. Il abandonne vers la mi-course, c'est vraiment trop risqué avec ce terrain glissant et en dévers.

Préparer les France…En route vers le pôle!

            Dimanche vers 18h, on redescend à l'appartement où, avant de quitter les lieux, je me fais deux pommes, des pâtes et un "petit" morceau de chocolat. Vivien et Pierre-Geo mangent aussi de bon cœur, le pauvre Vivien est un peu "éteint", les calories ne peuvent pas lui faire de mal.

On se sépare vers 19h, je file directement au-dessus de Serre-Chevalier, au Lauzet (1650m), dernier village avant le col du Lautaret, où je vais passer trois nuits afin d'être un peu plus haut que l'altitude du championnat de France (il se déroule entre 1350 et 1550m).

J'appelle Yvon Vauchez pour savoir s'il y a du monde qui repère le parcours des "France" le lendemain. Il m'indique qu'Yvan Clolus est avec des jeunes du pôle France et que je peux aller rouler avec eux. Génial, je ne serai pas seul! J'appelle Yvan et rendez-vous est pris pour le lendemain matin 10h.

J'arrive au gîte à 20h…On m'attend pour manger! Ni une ni deux je remets ça! Tout le monde me dit que j'ai maigri et en plus c'est vrai (un kilo…), alors ne lésinons pas sur la recharge calorique! Salade, entrecôte aux mousserons avec gnocchis et légumes, fromage blanc aux framboises…Je peux aller me coucher heureux! Auparavant, je fais une lessive générale.

Je dors comme une marmotte avant de prendre un bon petit déjeuner puis de rejoindre le groupe du pôle France, auquel se joignent aussi quelques autres invités dont Laura Metzler et Laurence Leboucher. C'est parti pour une journée de roulage et de marade!

François Bailly-Maître, qui travaille avec la station à l'organisation du championnat, nous emmène sur un tour de reco. Merci! Le parcours paraît atypique : on roule vite pendant un bon moment avant de "buter" sur une côte très raide de une à deux minutes. On roule vite à nouveau, puis on attaque une montée "longue" (cinq à sept minutes?) divisée en deux parties : une partie technique et une roulante sur chemin large. Suit une descente qui secoue, comme pavée. J'imagine cinq tours en masters et six en élites.

L'après-midi, après que j'aie mangé, lu et comaté dans ma voiture, on repart mais pour des descentes cette fois. Quelques remontés mécaniques nous permettent de nous éclater tout l'après-midi sur des descentes très variées où Camille Devi cherche toutes les coupes possible! On est de la famille à Jacques Devi ou on ne l'est pas!

Plus ça avance, plus on déconne…On termine par quelques "trajs" sur la descente du championnat et on se dit "à demain!". Au total on a roulé quand même trois heures.

Le mardi, le matin on fait différentes sections du circuit en survitesse (mais je suis fatigué et j'ai bien du mal à "gicler"), l'après-midi on fait une sortie mixte vtt – route : on monte au Galibier et on descend par des chemins, où je finis par crever, réparer, re-crever, rouler 3km sur la jante et pour finir sortir tout : le pneu et la chambre à air! Je termine par quinze minutes de marche à pied…cool! Ce jour-là on a roulé environ 3h30.

Comme la veille, entre midi et deux je m'endors en lisant "Angels and demons" de Dan Brown, un équivalent de "The Da Vinci code", peut-être encore plus passionnant et paru avant le best seller (en 2001). Je l'ai acheté en version originale histoire de me maintenir en anglais. Tout ceux qui se passionnent pour les rapports entre science et religion se piqueront d'intérêt pour ce livre.

Mercredi matin : juste un tour du circuit en passant la bosse la plus raide sur le moyen plateau (il faut se forcer, ça a des airs de Pra-Loup…), puis je dis Au revoir! À la joyeuse bande du Pôle France avec qui j'aurais bien encore passé quelques moments!

Me voilà reparti vers ma Haute-Marne…"un peu" plus basse que les Hautes-Alpes!

40km avant Dijon, impossible de continuer, je m'arrête 20 minutes pour piquer un roupillon salvateur. Un petit détour par les cycles Lapierre me permet de récupérer du matériel dont j'avais besoin.

Il ne me reste alors plus qu'à finir le trajet et, comme tous les cyclistes à travers la planète, vider la voiture, mettre les lessives en route, étendre le linge…et surtout faire des bisous à Jules retrouvé, qui fait des bunny-hop par-dessus une bouche d'égout…à 22h je tombe dans un sommeil sans fond.

J'ai neuf jours pour refaire surface avant le championnat de France.

À bientôt à Serre-Che!