Jean-Paul stéphan 10 mars 2008
Dix jours dans la vie d'un papa coureur…
Courir en vélo à 45 ans, c'est souvent concilier plusieurs vies : professionnelle, parentale, sportive…Voici dix journées de mon début de saison 2008:
F Vendredi 29 février 2008 : depuis une semaine je suis rentré d'un stage volumineux et convivial, dans le sud avec Lapierre ; j'ai roulé 1h50 en vtt le mardi en vtt X 160 avec des côtes à répétition en vélocité au seuil, 2h30 sur route le mercredi en effectuant 5 X 2' de rythme et 2 X 5' de force sur le plat. Repos le jeudi, ça tombe bien, c'est réunions et compagnie au collège. Ce vendredi donc, je passe une partie de la matinée à réserver des hôtels en vue de la saison 2008. ça prend du temps. Au départ je pensais rouler deux fois brièvement dans la journée mais 1) il fait un temps de chien le matin, avec pluie et tempête et 2) je pense que je suis un peu entamé, je me sentais assez fatigué le jeudi après les séries d'intensité de la veille. Je ne roule donc que l'après-midi. Deux heures de récupération sur le X 160 en attendant que je puisse rouler sur mon nouvel Evo2 sur lequel je dois monter une potence plus courte et un dérailleur inversé pour conserver mes automatismes de passage de vitesses. La sortie est glauque : pluie, vent, terrain surgras, des engins ont débardé dans les bois…je suis parfois à pied sur le plat! Les courses de début de saison paraîtront moins difficiles! il faut positiver…Je respecte néanmoins mon objectif de faible intensité et rentre avec une moyenne de pulsations de 116bpm et un max à 149 (17 de moyenne en moins et 22 de maximum en moins que le mercredi). Il faut savoir se contraindre autant pour forcer plus que pour forcer moins si on veut produire des séances de qualité. Je termine dans un ruisseau (vélo + bonhomme!) pour laver le plus gros, après quoi je ne résiste pas à un bain, chaud cette fois! car je suis gelé jusqu'à l'intérieur. Quelques étirements, repas, repos, lecture de quelques pages à mon petit Jules quia dore ces moments de fin de journée, dodo, bref, un enchaînement très classique.
F Samedi 1er mars 2008 : la matinée est consacrée à Jules et à des petits qui s'égayent à la baby-gym. Très sympa! Je fais des parades aux barres asymétriques, à cet âge-là on peut rattraper au vol un gamin qui lâche la barre! Puis Jules laisse tomber une sortie vtt avec des jeunes du club, il sent que ça serait un peu dur pour lui à presque six ans quand les autres en ont au moins dix. Il a bien le temps de galérer. Je le laisse à maman et je pars pour Saint-Dizier retrouver une bande de copains pour une sortie d'une centaine de bornes sur route, avec un compagnon qui s'est invité : le vent. Fort, continu, orienté sud-ouest, on décide de l'itinéraire en fonction. Je réalise 2 blocs de 3 X 5' de rythme sur le plat, avec environ 2' de récupération entre les séries et 30' entre les deux blocs. Le reste est assez tranquille, sauf 10' sur la fin où j'accélère à nouveau. 137 de moyenne de pulsations, 169 maxi, 3h10 de vélo, 97km, bonne journée, pas finie d'ailleurs puisque, après une douche et une petite collation, je retrouve femme et enfant à 17h pour faire quelques achats en ville (j'adore…!). Vers 18h30 je rentre "at home", les jambes bien dures. Un petit massage avec la "Windose detox cream", mais pas le courage de faire des étirements. Je mange un peu trop le soir. C'est le risque quand on a trop attendu et qu'on a trop faim.
F dimanche 2 mars 2008 : 73,2kg, j'ai enfin repris le kilo qui me manquait depuis ma grosse grippe de janvier. 2h de récup sur la route sur le X 160 avec un groupe de cyclotouristes…Je roule parfois plus dans le fossé que sur la route! Merci le X 160, d'une part il équilibre mon niveau avec celui de mes amis cyclos, d'autre part il me permet de trouver les deux heures moins longues grâce à mes "sorties de route". 116 de pulsations moyennes, 160 maximum (une seule fois dans un "coup de cul"), la sortie a été calme, la preuve, l'après-midi j'ai envie de marcher (bon signe de récupération), je ne m'en prive pas en allant chercher de l'ail sauvage en bord de route, que je replante dans mon petit jardin. Auparavant, j'ai effectué un bon massage et une bonne séance d'étirements, tout en sortant de temps à autre dans le jardin pour aider Jules qui essaie de planter des clous sur un "château de bois" qu'il construit et qui tord la plupart des clous! Il braille tant qu'il peut "Papa les clous ils ne veulent pas se planteeeer!". Trop mignon. L'après-midi est globalement très calme : mis à part le plan "ail", je fais du pain, modifie la position de la selle de mon vélo de route (elle se creuse…), de mes cocottes de frein, lis du Zola, revois quelques détails d'un cours de gymnastique du lendemain…
F Lundi 3 mars 2008 : 4h de gym avec des élèves de 5ème, qui reçoivent ce jour des correspondants allemands avec qui je parle…anglais, un peu de handball à l'A.S avec des élèves de 4ème et de 3ème, puis, rentré chez moi, occupations routinières sur l'ordinateur. J'apprends par mail que le mardi 11 mars prochain, sur Arte, sera projeté "Le monde selon Monsanto", de quoi avoir quelques frisons sur l'avenir que nous préparent certaines multinationales malades de l'argent, sous couvert de sécurité alimentaire…Au passage, je me dis que la pollution sur la terre ne peut guère se réduire : en effet, tous les pays misent sur l'augmentation de la croissance, donc de la consommation, donc de l'exploitation de toutes les formes d'énergie…Une vérité un peu assommante. Ça tombe bien, je commence la lecture de L'assommoir de Zola. Je remarque que depuis que j'ai terminé la rédaction et la relecture de VTT Rouler plus vite, j'ai une grosse envie de me "détendre intellectuellement". J'ai déjà ressenti cela à la fin de la création du jeu de société à qui le Tour?, une sorte de saturation, l'envie de ne plus parler de cela, de faire autre chose, comme quand on a mis toute son énergie dans l'atteinte d'un objectif sportif. En fait c'est exactement la même chose à mon avis. Du coup, en ce moment, lire tranquillement me procure beaucoup de plaisir, je viens de dévorer La terre et Nana de Zola, j'attaque L'assommoir, j'ai demandé un livre de Balzac à une collègue de français…Peut-être aussi que je suis tout simplement un peu fatigué de toutes ces années à poursuivre plusieurs projets à la fois et que j'ai besoin d'être assis!
F Mardi 04 mars 2008 : 21h50 – 6h50 : j'ai dormi comme une masse (à cause de L'assommoir?), je reste un peu dans le lit et vers 7h15 la voix de Jules nous annonce, depuis sa chambre d'en haut, qu'il a neigé. Il parcourt toutes les fenêtres pour voir où il y en a le plus mais ça ne dépasse pas un centimètre. Fini les hivers où la neige s'accumulait. Je déjeune avec le petit Jules, c'est un moment que j'apprécie toujours beaucoup, il me pose plein de questions, il me fait part de ses affaires privées d'enfant de presque six ans (J'aime Manon mais elle ne m'aime pas, elle me dit "Tu m'embêtes"…), c'est mignon. Puis je l'emmène à l'école avant d'aller rouler à vtt. Je roule peu (1h12) car je sens des restes de fatigue du week-end d'une part, et d'autre part il fait un temps de chien : pluie et neige mêlées. Sur mon X 160 j'enchaîne quatre côtes assis bien gainé mais sans forcer (max 156, moyenne 123 pulsations), je fais les montées sur le bitume et les descentes sur route ou en vtt. J'enchaîne avec une bonne séance d'étirements avant d'aller au travail. À la piscine, il fera chaud! Dans l'après-midi, je sens une douleur dans la gorge croître progressivement. C'est bizarre, depuis ma grippe de janvier, ces inflammations reviennent régulièrement. Par ailleurs, j'ai une tendinite à un coude qui ne passe pas, une douleur dans le cou et dans une clavicule…comme si tout mon organisme était "inflammatoire", sans que je sache pourquoi.
F Mercredi 05 mars 2008 : ma gorge et mes douleurs articulaires me font plus mal que la veille alors que j'ai bien dormi…ça commence à me miner le moral. Je fais néanmoins cours normalement même si je démontre moins de choses en gymnastique. Je voulais rouler 4h l'après-midi, j'opte finalement pour 3h (de route), et je ne sais pas trop quoi faire comme type d'efforts à cause de cette situation inflammatoire bizarre. J'accélère, je me relâche, je me dis que ça ne vaut pas la peine de forcer, puis quelques minutes plus tard je me dis que je vais forcer, on verra bien…Au final ça donne un peu une sortie de m…! Mais quand même 3h05 de vélo, une pointe à 170 pulsations, quelques bons efforts de force et de rythme en côte plutôt véloce. Et un moral, bof…Je me demande un peu pourquoi je me suis inscrit au Prix de Joinville (route, 1ère catégorie) le dimanche 09 mars…Mes sensations me donnent parfois l'impression que l'organisme va trop souffrir de la violence de l'effort compétitif. Après l'entraînement, retour à la maison où je retrouve Jules qui a été marcher avec son papy François et d'autres personnes sur Joinville, pendant 2h30! Il me dit "On a fini derniers!"…Je lui demande où ils sont allés. Réponse : "à droite…et à gauche aussi des fois". Me voilà renseigné! Le matin il a déjà fait une heure de judo où, entre les apprentissages, il s'exerce à faire des équilibres sur les mains, il tient déjà presque! Le soir, après un repas où il engloutit joyeusement les plats et alors que je m'avachis un peu sur le canapé, il construit par terre un obstacle avec des oreillers et des nin-nins, qu'il saute maintes et maintes fois sous mes yeux ébahis par tant d'énergie. Les jeunes enfants ont vraiment des moteurs haut de gamme!
F Jeudi 06 mars 2008 : L'inflammation régresse, je ne sais pas pourquoi mais je ne vais pas m'en plaindre. Je suis un peu fatigué des efforts de la veille, je le sens en deuxième partie de journée lors d'un cours de gymnastique avec des élèves (trop) turbulents, je leur dis que je n'ai pas envie de m'époumoner et j'arrête tout simplement le cours à chaque fois que ça chahute trop…ça fonctionne. Le soir je me couche tôt.
F Vendredi 07 mars 2008 : j'essaie pour la première fois mon Evo2 2008. Il est en carbone et pèse 1,5kg de moins que mon vtt 2007! Pneus plus légers, cadre plus léger, c'est impressionnant. 11kg tout juste pour un tout-suspendu en taille 56. 1h20 le matin, 1h35 l'après-midi, 8 côtes et 1100m de montée, plus pas mal de singletracks techniques, pas d'intensité violente, je préfère soigner la prise en main, affiner quelques réglages de position, de cales…à la fin des deux sorties je me sens très bien sur ce vélo, on devrait bien s'entendre! Lors du repas de midi, mon petit Jules m'étonne en me reparlant du "suédois de Pra-Loup" et en me demandant si cette année je vais le battre! Ça le travaille plus qu'on ne croit cette affaire-là…Plus que son père! Il n'aura pas la réponse à sa question puisque cette année je passe en 45-49 ans alors que Johannson reste en 40-44. Le soir, je lis quelques pages à Jules et pas mal de pages de L'assommoir pour moi, tout en surveillant la cuisson d'un pain que j'ai pétri à temps perdu (…pas perdu pour nos papilles!).
F Samedi 08 mars 2008 : je suis réveillé assez tôt alors pendant que la petite famille dort encore je me rase les jambes, coupe les cheveux, puis j'entends des gazouillis et des monologues dans le lit, Jules émerge…Je prépare un pamplemousse et casse des noisettes, et on attaque le petit déjeuner. Pendant celui-ci, après m'avoir décrit les différentes parties du cacao qu'il a découvertes à l'école, Jules me pose une de ces questions fondamentales dont il a le secret : "Papa, le cacao il ne pousse pas ici, alors ils le cueillent et ils nous l'envoient et on le casse pour faire le Banania"…Je lui explique que souvent, le cacao est transformé aussi loin de la France, et qu'on nous l'envoie après. Je lui explique que même, souvent, on "cueille" des choses en France (par exemple des arbres), on les transforme loin de la France, et on les renvoie en France quand elles sont transformées. Je lui dis que c'est un peu dommage car ça pollue…Sa conclusion : "Oui mais au moins ils nous les renvoient, c'est déjà bien". Pas bête! J'occupe la suite de la matinée à la préparation d'une candidate à un oral du CAPEPS. L'après-midi, j'emmène Jules à une initiation au handball, mais il est un an plus jeune que le plus jeune, et, impressionné, il ne veut pas se mêler aux autres jeunes joueurs. Maman vient voir ça en cours de route, on lui fait quelques passes et quelques tirs dans une cage de but restée vide, et au bout de trois quarts d'heure on repart en se disant que la timidité passera un jour ou l'autre. Ensuite on va voir des pêcheurs qui font l'ouverture, Jules veut pêcher! Il a droit à une carte de pêche à cinq euros, on va acheter ça puis, après qu'il ait été chercher des vers dans le jardin, il part une heure avec maman pendant que je me masse un peu les jambes…Il rentre heureux et bredouille. Le soir je comate un peu devant la télé qui présente les victoires de la musique. La compétition est partout.
Au poids de forme…en forme?
F Dimanche 09 mars 2008 : j'ai dormi comme un bébé, mais cet après-midi il ne faudra pas s'assoupir, pourtant ça va ronfler, c'est une "toutes catés" sur route. Seul engagé de mon club, je vais me sentir bien perdu au milieu de quelques armadas de quinze coéquipiers venus de différentes régions de l'Est de la France. Au départ il y aura quelques vététistes comme Ludo Dubau, Valentin Hadoux, Jules Chabanon…Vététistes élite, junior, espoir, master, adeptes des chemins aujourd'hui rassemblés sur le bitume, en route vers…la saison 2008. Je suis au poids de forme : 73,5kg, mais ça ne signifie pas obligatoirement que je suis en forme (surtout sur route) puisque, la plupart du temps je n'oscille pas autour de ce poids. Je prends un petit déjeuner un peu copieux à base de jus d'orange fraîchement pressé (habituellement je mange un fruit mais le matin des courses je préfère un jus pour éviter les fibres), noix fraîchement cassées, pain fraîchement…cuit, que je suis allé acheter en vélo par un temps…frais. Du miel et du "beurre" allégé sur le pain, trempé dans du lait de soja – Banania, avant de me plonger, une fois de plus, dans L'assommoir de Zola, qui m'assommera certainement moins que les attaques de cet après-midi. Jules me sort un peu de ma lecture pour une course de formule1 sur son circuit 24, les élections sont un autre prétexte à une virée dans le village, à part ça pas grand-chose, je prépare mes affaires, les bidons, gels énergétiques…Quant aux jambes, si elles sont prêtes, tant mieux, mais à cette heure il n'y a plus grand-chose à faire pour changer leur état. Un détail : je vais courir avec le cardio (une première pour moi), pas pour me réguler, ce serait d'un triste! mais pour voir ce que donnent mes pulsations, notamment en fin de course. En effet, en 2008 j'ai noté plusieurs fins de courses difficiles, je suppose que mes pulsations baissaient alors, et pour expliquer cela j'hésite entre diverses explications : départ trop rapide, manque de foncier…Cette année j'ai plus roulé à la même date. J'en suis à 80h depuis le 1er janvier (plus 40h d'autres activités sportives) alors qu'en 2007 j'en étais à 50 seulement, mais avec 70h d'autres activités sportives. Une répartition différente, qui conférait une bonne condition physique générale mais peut-être une forme cycliste un peu insuffisante, d'autant que je n'avais pas fait de stage volumineux.
F La course : 8°, c'est ni chaud ni froid, je mets le corsaire, les gants longs, les manchettes et de la pommade chauffante Windose qui se révèlera très neutre et agréable. De même que les gels et la boisson, youpi! À 14h30 le départ est donné à 73 coureurs. 112km plus tard, après avoir roulé à 39km/h de moyenne malgré du vent et neuf côtes pas trop raides, je suis surpris de mon état de forme sur route! Je dois être un vrai routard…Non je rigole! Quand je vois des coureurs commencer à se battre après l'arrivée (ce fut le cas…), je me dis que je ne suis pas un "routard", de même quand je vois la multitude d'emballages de barres énergétiques balancés pendant la course. De même quand je vois comment les groupes de coureurs se croient les rois de la route à l'échauffement. Franchement, il y en a qui se la pètent grave!!! Pendant les dix premiers kilomètres je me désintéresse complètement de ce qui se passe devant, je discute avec Ludo Dubau de son projet, partagé par Miguel Martinez, de courir…les championnats du monde masters! a priori ça paraît insensé, puisque Ludo est 2ème de la coupe de France élite. Mais le règlement est assez flou visiblement, être élite ne semble pas être rédhibitoire pour courir ce championnat. Courir les coupes de France élite l'est-il? Ludo va voir ça avec l'UCI pour savoir sur quel pied…pédaler. Après notre discussion je reste encore bon dernier du paquet pendant quelques kilomètres, le bon coup part, sans moi évidemment. Puis je me rends compte que je suis carrément bien en participant activement à la chasse et en finissant par ressortir sur la fin avec un petit groupe, pour arriver pour la 10ème place environ. Je dois être environ 15ème (allez donc voir le classement sur www.vcc.fr), pas entamé du tout à l'arrivée, avec un max de pulsations à 182 dans le premier tour! Qui a dit que la Fcmax baissait d'une unité par an? Pas chez moi en tout cas. Merci l'entraînement fondé sur l'intensité et les variations d'intensité (lisez cela sous peu dans VTT Rouler plus vite…). Douche, pizzeria, la journée se termine cool…et le moral est bien meilleur que mercredi où je pédalais carré! Deuxième test dimanche prochain au Morvandiau vtt…