Jean-Paul stéphan 12 avril 2010
Royal Curel !
Ces 4H de Curel resteront gravés dans ma mémoire de vététiste. D’abord parce que j’y ai retrouvé une équipe surmotivée et pleine d’idées pour l’organisation de cette épreuve, je me suis revu quand j’organisais Roc Thonnance de 1992 à 1999, d’ailleurs à cette époque certains des organisateurs d’hier avaient lancé un officieux mais très sympathique Roc Curel ! Ensuite j’y ai vraiment tout donné, juste pour le sport.
Hier on a eu droit à une course jeunes de 1h30, une course adultes de 4H, des aménagements de parcours ludiques (troncs, sauts…), une bonne animation sonore, une baraque à frites, des photos à voir en direct de l’épreuve, des porte-clés gravés à leur prénom pour tous les jeunes, des lots en tous genres…Dont l’exceptionnel Royal Trophée, offert en triple exemplaire avec CD expliquant sa fabrication, une pièce de 6 à 7kg comprenant un cintre en bronze soudé sur un socle de fonderie, issu d’une collaboration forges de Bologne – aciéries Hachette et Driout, gravé au nom des récipiendaires par Frédéric Krill…Tout cela est né de l’imagination de quelques Curelois dont Thierry Bedet, Michel Czehorowski et Gérald Duveaux, à fond depuis des mois.
Le suspense à son comble !
J’avais dit à ma femme : « En solo j’ai 1% de chance d’emporter le scratch »…Malgré des jambes un peu lourdes (6h07 de route le mercredi), j’ai produit un énorme effort. À l’arrivée j’étais détruit des jambes, de l’entrejambe et du dos, incapable de me relever pendant 10 minutes, le muscle lombaire gauche ayant doublé de volume.
L’équipe favorite était composée de Romain Chauffert, junior très prometteur, de Mickaël Daunet, bon routier vététiste à ses heures, et de Gérard Droolans, solide master 3.
L’année dernière j’avais déjà fait les 4H en solo, à Joinville. Après 2h en tête j’avais coincé, pour finir second à 9 minutes de pratiquement la même équipe qu’hier.
Ce 11 avril 2010 je veux être patient. Je pars doucement, laisse passer Romain Chauffert (le plus rapide des trois) et reste dans sa roue. Ça va vite mais pas trop. Second tour dans la roue de Mika Naudet, un peu moins rapide. Troisième tour dans la roue de Gégé Droolans, je récupère. Puis Romain Chauffert repart, ça roule vite à nouvea. Si je subis ces à-coups tous les trois tours ça va me faire très mal aux jambes. Au 6ème tour (relais de Gégé) j’accélère donc et passe la ligne avec 30’’ d’avance. 7ème tour, 3ème relais pour Romain Chauffert, il rentre sur moi sur la fin. Un tour dans la roue de Mika Naudet, puis j’accélère plus fort sur le relais de Gégé Droolans…Me voilà vraiment seul après 1h30. Au gré des relayeurs adverses mon avance croît – décroît, et oscille toujours entre 30’’ et 1’15. Un bien fin matelas !
Le parcours est plaisant mais pas technique. Sur les 4km on met du braquet pendant 3km700 ! Et 2km sont exposés au vent.
Après 2h30 ma course devient « torture »…Je me motive dans la côte de 40m de dénivelé qui se monte en 44X23 ou 44X26 : « Plus que neuf…Plus que huit…Plus que sept »…J’entame l’avant-dernier tour avec 25 secondes d’avance. Reste un relais à Mika Naudet et un à Gégé Droolans. Je conserve 10’’ d’avance sur Mika. Je pensais me faire rattraper avant !
Je laisse Gégé revenir pour l’attaquer dans la dernière montée. Mais c’est un master 3, meilleur dans les derniers tours ! Moi je suis très très entamé ! Il résiste à ma première attaque, j’ai très mal…partout. Je remets ça dans la descente, prends 30 mètres…Il rentre dans la partie ventée, essaie en vain de passer avant une zone technique. J’attaque dans cette zone, en vain ! Puis il lance le sprint une seconde avant moi, me passe, s’enfile dans les zigzags de l’arrivée, je suis battu de rien et n’ai même pas la force d’être déçu.
D’ailleurs je ne le suis pas, j’ai livré un superbe combat sportif, ces 4h en solo étaient une très bonne idée, ça a équilibré le débat sportif, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Heureux quand même.
Pendant dix minutes je reste à terre, mes lombaires ont doublé de volume, j’ai l’entrejambe coupé…quelle journée !
Le soir je refais la course dans ma tête…J’aurais dû laisser revenir Mika Daunet dans l’avant-dernière rotation, me refaire dans sa roue, suivre Gégé dans le dernier tour et tout donner dans le sprint final. Mais c’est très dur de réfléchir quand on est cuit, et puis ça me gêne de courir comme un « vicieux », pourtant je n’aurais rien eu à me reprocher, j’avais largement mon compte d’efforts avec 4H de course contre 1H40 à chacun à mes adversaires.
Au final c’est un peu gagnant – gagnant : mes adversaires ont gagné le scratch, j’ai gagné en solo et presque au scratch, et nous avons tous deux un Royal Trophée !
Sur le podium mes mots vont surtout aux organisateurs, heureux d’avoir réussi cette première édition. Selon moi c’est eux qui méritent le plus d’éloges. Vivement 2011 !